René MALLEVILLE parle à Lara : part 2

Et voilà "choses promises choses dues"...

Après 2 h 30 de discussion à bâton rompu durant lesquels nous sommes passés René et moi du rire aux larmes sans oublier de faire un tour à plusieurs reprises par la case "rébellion", résultat : j'ai fini par remplir 10 pages !

Comment vous retranscrire tout ça sans que cela ressemble à une frise chronologique version 4ème : "Alors dans le programme de cette année nous allons aborder la 1er Guerre Mondiale".

Au final l'article sera chronologique (obligé sinon on ne comprend plus rien) en essayant de retranscrire de la manière la plus vivante possible l'épopée de "René le Rebelle" et l'histoire de "Monsieur MALLEVILLE", avec deux grands "M".

 "La naissance de René le Rebelle et de Monsieur Malleville"

Je vais commencer par vous dire que son père était mineur de fond. 

Ca pose les bases de la sensibilité de René pour la défense des causes travaillistes non ??

Originaire de Carcassonne, son père, après avoir échappé de justesse à un "coup de grisou", intègre la police, est muté au Maroc, pour arriver avec sa femme et ses 3 enfants à Marseille en 1957.

En Mai 1967 René fait son service militaire, en Septembre 1967 il se marie et en Avril 1968 René est papa.

Dans sa caserne "René" tourne en rond comme un lion en cage et "Monsieur Malleville" veut rejoindre sa femme et voir son bébé.

A ce moment de l'interview je sens l'émotion monter dans la voix de René car elle se met discrètement à trembler.

Il boit une gorgée, racle sa gorge et reprend : "mais les événements de Mai 1968 ont déjà commencés et tous les militaires sont consignés en caserne et moi avec !!".

Les deux facettes de sa personnalité ne tiennent plus, il demande une permission : une fois, deux fois... puis il désobéit. 

Résultat : il est mis aux arrêts pendant deux mois, se voit prolonger son service de 12 à 16 mois et fini par être classé C (comprendre : antimilitariste et élément rebelle) sur son livret militaire.

- 1968 : naissance de "René le Rebelle" (il n'y a pas de hasard !!) et de Monsieur MALLEVILLE !

Moi :
"Tu a payé chère ta rébellion quand même !"

René le Rebelle :
"Oui j'ai toujours assumé mes décisions et c'est vrai que parfois le prix à payer était assez lourd, mais c'est comme ça !"

Le voilà donc Papa, Marseillais, libéré des obligations militaires, sans diplôme et au chômage !

Mais il ne se fait pas de soucis : "à l'époque le chômage on en parlait pas, il y avait du boulot".

Il est commis pour un marchand de vin pendant quelques mois et vit "aux balustres", une citée de Marseille.

Mais voilà qu'il trouve que les charges versées par les locataires de la citée sont trop élevées au regard des travaux d'entretien qui ne sont pas effectués par la municipalité.

Qu'à cela ne tienne, il intègre "l'amicale des locataires" et les convainc de faire la "grève des charges" en séquestrant les sommes sur un compte. 

Ensuite il loue un car, y met 60 mères de famille à l'intérieur et descend devant la préfecture revendiquer leurs droits !

Pour le coup là moi je dis "chapeau bas Monsieur MALLEVILLE... le rebelle" !!




"La naissance du syndicaliste et du politicien engagé"


Il intègre ensuite la RATVM (ancienne RTM), il a 22 ans.

Il se syndique à la CGT, mais il les trouve très vite "trop mous". 

Il prend aussi sa carte au partie socialiste, mais attention avec René on ne mélange pas : "Le syndicat c'est le syndicat, la politique c'est la politique".

Moi : 
"Pourquoi au Parti socialiste et pas au Parti communiste, ça te correspondait mieux non ??"

René le Rebelle :
"Non je ne partageais pas les idées d'extreme gauche venues directement d'URSS."

Moi :
"Pourtant c'était la grande époque de Georges Marchais, il n'avait pas sa langue dans sa poche".

René le Rebelle :
"Je l'ai toujours trouvé trop démago et en même temps trop Stalinien".

Mais revenons à son étiquette de syndicaliste.

Au bout de 10 ans (Moi intérieurement : Tient ! Pour une fois il a fait preuve de patience !!) il créé son propre syndicat affilié à la Fédération Nationale des Chauffeurs Routiers. 

Nous sommes en 1984.

Il devient le "chef des desperados de la régie".

Il veut exercer un syndicalisme plus radical "on n'était pas là pour rigoler hein", me dit-il alors que ces yeux bleus agathe virent au gris métal.

Face au poids lourd qu'est la CGT difficile de s'imposer, mais son clan et lui le feront, ils réussiront à faire entendre leurs voix (il faut dire que René sait parler fort, très fort) et parfois même à la force de leurs poings. 

Il gagne plusieurs bras de fer, bloque des autoroutes, paralyse la ville entière...




René le Rebelle va toujours plus loin, il veut améliorer les conditions de travail de ses collègues et fini par séquestrer son patron dans son bureau quant à ses collègues ils iront  jusqu'à faire la grève de la fin pour éviter à René des sanctions trop lourdes.

Mais c'est la goutte de trop : il est révoqué et échappe de justesse à des sanctions pénales.

Le moral de ses camarades est au plus bas : ils ne retrouveront plus jamais un porte parole aussi jusque boutiste et ils le savent.

Nous sommes en Juillet 1989, René à 42 ans, il est père de 3 enfants et n'a plus de travail !

Mais avec tout ça nous sommes passés à côté de sa carrière politique.

En effet, en même temps que ses activités syndicalistes René intègre le Conseil Municipal de la Ville de Marseille aux côtés "du patron" : Monsieur Gaston DEFFERRE et de celui qui deviendra un ami : Monsieur Lucien WEYGAND.

Il représente la municipalité dans les écoles et il se démène pour améliorer le quotidien de nos jolies têtes blondes.
Mais comme toujours René se fait remarquer et lors d'une réunion politique il monte au créneau face au "Patron" en pointant du doigt ceux qui l'entoure en les traitant d'arrivistes.

La réponse du "Patron" est immédiate :
"On a entendu notre camarade René MALLEVILLE qui a toujours une belle voix, mais... dans mon prochain Conseil Municipal il n'y aura pas de grande gueule !".

Et voilà  !!!



"Naissance de René : le patron de bar, l'homme médiatique, le supporter"

C'est à ce moment là que la vie de René prend un autre tour. 

Il aimerait bien acheter un bar, mais il n'a pas les fonds, et là incroyable : 15 personnes (des hommes politiques ou des amis du syndicat) lui offre de l'argent pour constituer son apport personnel.

Il se met alors en quête d'un endroit pas trop chers, vu les finances, et fini par trouver le bar le plus pourri de Marseille, à côté de l'Evêché : celui dont personne ne veut !

Il fait le tour des brasseurs et après 6 refus le 7ème sera le bon : Gérard de chez "Rossi Boissons" accepte de le cautionner, le prêt est obtenu et le bar lèvera son rideau pour la première fois le 16 Janvier 1990.
Encore plus incroyable, le quartier où il se trouve voit arriver peu à peu toutes les stations de radio de Marseille et les journalistes deviennent ses clients réguliers.

René qui a toujours été un fan de la première heure de l'Olympique de Marseille, achète une télé et décide de diffuser dans son bar les retransmissions de match.

Les journalistes sont là et ne résistent pas aux commentaires sulfureux de René, avec son accent à couper au couteau et son franc parlé, ils tiennent là un personnage qui peut plaire à la France entière.

Les interviews pleuvent, le bar devient le QG des supporters Marseillais qui ont trouvé en René leur porte voix.

La machine s'emballe, les journalistes de la capital en veulent aussi de ce "diamant brut Marseillais" et René fait les  plateaux de Fogiel, Cauet, Le Grand Journal, Ruquier...René fera même un Thalassa (j'adorais cette émission !).
Sa seule exigence : être en direct...
...c'est d'ailleurs pour ça qu'il refuse de faire l'émission d'Ardisson !!!!

Chez Hanouna, René pose les bases dès les premières secondes de l'émission : "Le premier qui essaye de me faire passer pour un con ou qui essaie de faire passer les Marseillais pour des cons : je me casse !". Du coup tout le monde a enfilé ses gants de velours mdr !
Le bar fermera ses portes en 2005, mais René poursuit sa carrière médiatique et tout le monde connait "la minute de René" (sponsorisé par le concessionnaire Ford) sur la chaîne WEB "Le Phocéen". 

"Minute" qui est suivie par la France entière et qui avoisine souvent les 10 mn. 

Oui oui on est comme ça nous les Marseillais : on en fait toujours un peu trop !!
La condition de René : une seule prise et pas de censure !

Et voilà "l'épopée René" est presque terminée... J'aurais eu encore tant de chose à vous raconter...

Depuis l'interview il m'a téléphoné plusieurs fois pour m'informer qu'avec tout ça il avait oublié de me dire par exemple qu'à 17 ans, avant l'armée, il était chanteur dans un orchestre et qu'il avait fait la première partie de Nino Ferrer ! 

Ou qu'il avait sorti un titre il y a quelques années : "Point de vue"  et que du coup il avait investi la scène de la Fiesta des Sud.

Quand je vous ai dit qu'il avait 9 vies !


A la fin de l'interview je lui ai donné ma lampe magique et je lui ai demandé de faire trois voeux, il n'en n'a fait que 2 : 

- il veut mourir avant ceux qu'il aime...
- il voudrait que les jeunes puissent bénéficier d'infrastructures sportives dans tous les quartiers : "parce que le sport c'est la clef de l'intégration".

Je ne peux pas finir cet article sans préciser que "Monsieur MALLEVILLE" profite aussi de sa "minute" pour soutenir des associations qui lui tiennent à coeur telles que les associations de lutte contre le cancer du sein ou contre le harcèlement à l'école.

"Monsieur MALLEVILLE" s'insurge également contre les mauvais traitement infligés aux animaux : "Dans la vie pourquoi tu veux avoir la supériorité sur une bête alors que tu te plies devant ton patron !"

Aujourd'hui fini la politique et tout le reste pour René, c'est derrière lui (même s'il ne résiste pas tout à fait à une rencontre avec Mr LASSALLE pour échanger des idées), il se consacre à sa famille : à sa femme "une sainte, sans laquelle je n'aurais probablement rien fait de tout ça", ses enfants et petits enfants et... je crois qu'il l'a bien mérité !!!


Moi :
"Merci René pour tout, pour ta générosité, ta sincérité et ton franc parler qui fait tant de bien. Tu as été tout simplement A DO RA BLE.




Merci pour ton temps, pour toutes les photos (un peu floues, mais qui représentent tant de souvenirs que je n'ai pas résisté à les publier).

Tu comprends pourquoi je voulais te présenter aussi sous "Monsieur MALLEVILLE" avec 2 grands "M" ? (oui parce qu'il faut que je vous dise que ça lui plaisait pas trop le "Monsieur"). 

Parce que ton parcours, même si on ne partage pas le fond et/ou la forme, mérite le respect !".



Enjoy


PS : Je tiens à remercier aussi celui sans qui je n'aurais jamais écrit cet article mon BFF "FG". Promis je te revaudrai ça ;-)
























Commentaires

  1. Wahou quel article
    Bravo 👏 👏
    Ton meilleur pour ma part
    Merci

    RépondreSupprimer
  2. Christian Aldo Duthoit20 février 2018 à 04:09

    Maintenant je te connais un peut plus René Malleville et je ne suis pas déçu bien au contraire

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Lara, est-ce que vous auriez un mail à me donner j'ai une petit requête ? (jack.moustaches@gmail.com)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Partagez votre avis !